FROIDOUR - Lettres de Monsieur de Froidour grand maître des eaux et forêts de Toulouse à sa femme
An unpublished work of introspection and devotion by the saviour of the Pyrenean forest in the 17th century
FROIDOUR (Louis de)
Lettres de Monsieur de Froidour grand maître des eaux et forêts de Toulouse à sa femme
S. l. n. d. (après 1673)
In-8° (234 x 157 mm), [312] ff. + [2] ff. bl. dont les 49 premières pages numérotés, manuscrits d’une seule main à l’encre noire, capitales en rouge, papier vergé fort filigrané à la grappe de raisin, nom du papetier illisible car positionné en marge interne, basane brune, dos muet à 5 nerfs orné, encadrements de filets à froid sur les plats avec fleurons en écoinçons (décor à la Duseuil), tranches rouges (reliure de l’époque)
Ce manuscrit, rédigé d’une main très lisible, est vraisemblablement inédit ; d’après nos recherches, il n’en existerait pas d’autre exemplaire. Il ne nous paraît en revanche pas autographe, il s’agirait d’une mise au propre présentant néanmoins plusieurs dizaines de corrections de la même main. Louis de Froidour, seigneur de Sérizy (Cerisy, Aisne), grand maître des eaux et forêts du parlement de Guyenne et Languedoc, y dresse le bilan de ses péchés et fait serment de consacrer son existence à Dieu. Le manuscrit prend la forme de lettres adressées à son épouse, qu’il cherche à convaincre de partager cette nouvelle ferveur religieuse.
Helas, mon cher coeur, je dois rendre compte à Dieu de quarante ans de vie passée sans le servir : je dois luy rendre compte de quarante ans de vie passée dans la negligence, dans l’ingratitude, dans la rebellion, dans la felonnie, et dans touttes sortes de crimes (p. 4)
Il s’efforce ainsi de lui expliquer les mystères de la religion et évoque l’amour de dieu, les grâces qu’ils doivent lui rendre et le besoin de se « fortifier » face aux tentations du démon. Louis de Froidour partage ses conclusions sur la vanité des biens matériels et martèle la nécessité de s’imprégner des commandements de dieu et de l’église, au sujet desquels il déroule une longue réflexion.
Louis de Froidour (vers 1625-1685) occupe le poste de lieutenant général civil et criminel au baillage et en la maîtrise des Eaux et Forêts du comté de Marle et La Fère, sa ville natale, lorsque, en 1661, une enquête sur les forêts royales attire l’attention sur une situation alarmante : les ressources forestières menacent de se tarir. Une réforme générale est décidée, et Colbert nomme en 1666 Louis de Froidour réformateur dans le sud. Ce dernier s’attelle rapidement à la tâche et part pour les Pyrénées. Là, il s’efforce de concilier droits locaux et approvisionnement des arsenaux de la Marine tout en prenant position contre une surexploitation chaotique. En 1673, Froidour est nommé grand maître des Eaux et Forêts à Toulouse. Il publiera deux traités qui guideront la politique forestière tout au long du XVIIIe siècle. L’ordonnance de 1669, considérée comme le premier « code forestier », s’appuie sur ses travaux. Il contribuera notamment à la science de la gestion des sapinières, et on le décrit fréquemment comme le « sauveteur » de la forêt pyrénéenne. Louis de Froidour vécut à Toulouse de 1666 à 1685. On sait qu’il eut deux épouses successives, toutes deux originaires de La Fère, ou de ses environs. La seconde, qu’il épousa avant 1674, Elisabeth Jacob, de Pont-Saint-Mard, à 25 km de La Fère, serait retournée vivre dans la ville natale de son mari après son décès.
PROVENANCE :
- « Mde Roussel de Héricourt », ex-libris manuscrit au titre à l’encre brune, XVIIIe siècle. Marie Roussel de Belloy (1745-1816), mariée le 5 janvier 1774 à Amiens, à Nicolas Julien de Héricourt (1744-1795), seigneur de Morlemont et du Plessiers de Roye, arrière petit-fils de Julien de Héricourt, procureur du Roi à la Table de marbre de Toulouse, grand ami de Louis de Froidour, originaire de Picardie tout comme lui,
- « E. de Thieulloy / ... 1810 », inscription manuscrite à l’encre noire sur le contreplat supérieur. Edmond de Thieulloy (1801 - 1886), petit-fils des deux précédents par sa mère, Marie Thérèse de Héricourt, mariée le 20 mai 1800 à Amiens, avec Florimond Jourdain de Thieulloy (1774 - 1862).
Le présent manuscrit permet d’appréhender une autre facette, nécessairement plus personnelle et plus littéraire, de la personnalité de Louis de Froidour, que celle du stratège forestier.
Petit manque à un coin et à la coupe associée en gouttière, petite mouillure et petite tache blanchâtre sur le plat inférieur.
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