SPADA - Simulacres
Guide to an imaginary museum
SPADA (Marcel)
Simulacres
Paris : éditions Fata Morgana ("Explorations"), 1981
In-8° (224 x 145 mm), 77 pp. - [3] ff., broché, couverture orange rempliée, non découronné
Édition originale. Un des 470 exemplaires du tirage courant sur vergé teinté après 30 exemplaires sur pur fil Johannot, avec envoi autographe signé au critique littéraire André Dalmas : « Pour André Dalmas / ces [simulacres] dans leur espace et leurs temps / avec les plus cordiaux sentiments de / Marcel Spada »
Recueil de 21 essais poétiques sur la peinture, Simulacres mêle influence du surréalisme et de Francis Ponge, écriture semi-autobiographique et guide de musées réels ou imaginaires. Spada y contemple tour à tour une exposition d'art mésopotamien, Michel-Ange vieillissant, l'érotisme de Fragonard, les cauchemars de Füssli, les estampes d'Hokusai, les « succubes » de Gustave Moreau rêvées par André Breton, le labyrinthe des oeuvres de Paul Klee, les poupées de Bellmer, les montres molles de Dalí...
Selon Michèle Gorenc, seule une moitié des textes de Simulacres, composés entre 1974 et 1979 alors que l'auteur préparait sa thèse sur les Érotiques du merveilleux, aurait été publiée.
« A l’étage au-dessous s’ouvrait l’appartement privé de Gustave Moreau. Au bout d’un couloir étroit, dans le lit-catafalque, à côté d’une armoire monumentale, le peintre était à demi allongé, la tête appuyée contre le bois du lit, le buste soutenu de part et d’autre par de volumineux coussins de plumes. Dans un geste plus amical que médical, André Breton prit le poignet du grabataire et regarda fixement le petit tremblement des lèvres entre la longue moustache circonflexe et la grande barbe blanche et bifide. Les yeux du patient, grands ouverts et enfoncés dans l’orbite, ne voyaient apparemment que la robuste garde-malade. Celle-ci, les cheveux torsadés en couronne autour de la tête, tenait à la main un flacon de liquide jaune. Elle s’en servait pour oindre le visage qui menaçait de se défaire et, chaque fois, lui redonnait la semblance d’un roi au masque d’or, arraché in-extremis aux cancrelats du temps. »
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