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LA MOTTE / DAUVERGNE - La vénitienne

LA MOTTE / DAUVERGNE -  La vénitienne
LA MOTTE / DAUVERGNE -  La vénitienne

Exceptional corrected proofs

LA MOTTE (Antoine Houdar de) / DAUVERGNE (Antoine)
La vénitienne, comédie-ballet, représentée par l'Académie Royale de Musique, Le [blanc] 1766 [sic]
Paris : chés de Lormel, 1768
In-8° (231 x 175 mm) 44 pp., dérelié.

Livret de l’opéra-ballet La Vénitienne. Cet exemplaire d’épreuves présente d’importantes corrections manuscrites,  adoptées pour l’édition de reprise parue chez Lormel en 1768, ainsi que l’approbation manuscrite du censeur Demoncrif, membre de l’Académie française et lecteur de la Reine.

La Vénitienne, comédie-ballet écrite par de La Motte sur une Musique de Michel de la Barre, fut représentée pour la première fois le 26 mai 1705 à l’Académie royale de musique. Mais le spectacle ne plut pas, et fut abandonné pendant plus de 60 ans.

En 1768, Antoine Dauvergne, violoniste de l’orchestre de l’Académie royale de musique et surintendant de la musique de la Chambre du roi, reprit le livret et en réécrit entièrement la musique. Une représentation fut donnée dans la Salle des machines le 6 mai 1768. Ce fut « un échec fracassant, le pire qu'ait connu l'auteur jusque-là » (Dratwicki, p. 261). Benoît Dratwicki nuance cependant : « Avec deux siècles de recul, tout ce qui fut alors jugé comme autant de faiblesses apparaît inversement comme d'une étonnante singularité. » (p. 266)

Le label Ricecar, qui publia en 2011 un enregistrement de La Vénitienne sous la direction de Guy Van Waas, décrit l’œuvre en ces termes :

« Le dernier ouvrage lyrique de Dauvergne renonce aux genres établis de la tragédie lyrique et de l’opéra-ballet. Avec La Vénitienne […] il rassemble le meilleur de son savoir-faire et réalise une synthèse des modernités de son temps : Rameau, Pergolèse, Grétry, Mondonville semblent avoir réuni leurs plumes pour signer cet ouvrage tour-à-tour tragique, tendre et burlesque. À la virtuosité des airs, à l’inventivité des ballets, à la pompe d’un grand orchestre, se mêle l’esprit piquant du Siècle des Lumières. »

Les corrections manuscrites sont effectuées sur le texte déjà  légèrement réadapté (suppression du prologue et du chant en italien, orthographe mise au goût du jour) du livret original de La Motte (Dratwicki ne relève que la suppression du prologue). On note par ailleurs que la virulence des critiques poussa Dauvergne à remanier le livret avant la 3e et dernière représentation : notre exemplaire, comme l'édition parue chez Lormel, correspond au texte chanté avant ces ultimes modifications (Léonore absente de la dernière scène).

En plus de corrections d’orthographe, de ponctuation et de mise en page, les modifications apportées par le correcteur sont les suivantes :

  • Au titre, la correction d’une erreur à la date de la première date de représentation, indiquée pour l’an 1766.
  • Le mot « cave » est remplacé par le mot « antre » dans les didascalies
  • P. 3, un changement de l’ordre d’apparition des noms des acteurs chantant dans les cœurs. La nouvelle liste, manuscrite, est collée à la cire sur la liste imprimée.
  • P. 4, correction à l’encre sur le texte imprimé, erreur dans la distribution (deux rôles inversés).  Pp. 5-6, les listes des personnages dansants, laissées blanches à l’impression, sont complétées à l’encre.
  • Pp. 32-33-34 : le début de la l’Acte III, scène 2, est réorganisé dans l’édition originale, avec des déplacements et la coupe d’une réplique de Léonore : « Il me livre de vains combats, / Avec votre secours, c’est envain qu’il me presse,/ Mon cœur brave tous ses appas/ Et je ne crains point qu’il me blesse ». (p. 32) Ces transformations ne sont pas indiquées directement sur l’exemplaire d’épreuves, mais la scène porte une marque en marge.
  • Pp. 37-38 : la fin de l’Acte III, scène 3, est sensiblement retravaillée, avec des coupes, ajouts et déplacements. Ces transformations ne sont pas indiquées directement sur l’exemplaire d’épreuves, mais la scène porte plusieurs marques et notes marginales.
  • L’acte III, scène 4 (pp. 40-42) subit d’importantes coupes (passages barrés à l’encre sur l’exemplaire d’épreuves et absents de l’édition originale). Une réplique d’Isabelle est retravaillée, sans aucune indication sur l’exemplaire d’épreuves.
  • Le monologue de Zerbin dans la scène finale (pp. 43-44) est déplacé et entièrement réécrit. Le nouveau texte, manuscrit à l’encre sur un feuillet, est collé sur l’ancien.

On trouve des similitudes entre l’écriture du correcteur et celle d’Antoine Dauvergne (telle qu’observée sur une lettre autographe signée datée du 14 juillet 1789) sans pour autant pouvoir affirmer que le compositeur a lui-même retouché le livret ; quoi qu’il en soit, les changements apportés au texte de La Motte résultent vraisemblablement d’une collaboration entre le compositeur et l’éditeur.

Le couteau du relieur a malheureusement emporté tout ou partie des marginalias.

Provenance : « Don de J. Baïssas [1865 ?] » mention à l’encre rose à la p. 44. Non-identifié.

Mouillure en gouttière ; Dratwicki, Benoît. Antoine Dauvergne (1713-1797) - Une Carrière Tourmentée Dans La France Musicale Des Lumières. Bruxelles : Mardaga. 2011

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