[GASSICOURT] - Le Tombeau de Jacques Molai
An edition annotated by a contemporary reader
[Cadet de Gassicourt (Charles-Louis)]
Le Tombeau de Jacques Molai, ou Histoire secrète et abrégée des initiés, anciens et modernes, des Templiers, franc-maçons, illuminés, etc. et recherches sur leur influence dans la révolution française ; suivie de la Clef des Loges
Paris : chez Desenne, an V [1796]
In-16° (146 x 97 mm) [1] pl. - 232 pp., demi-chagrin brun à coins, dos à 4 faux-nerfs (reliure postérieure, première moitié du XXe siècle)
Deuxième édition et première édition collective, augmentée par rapport aux originales (parues en l’an IV à l’adresse des « marchands de nouveautés ») de la Clef des loges où sont analysés les symboles et rites des loges maçonniques.
Intéressant frontispice gravé évoquant un rite attribué par l’auteur aux « frères initiés de l’Asie » (p. 192) : un homme aux yeux bandés brandit un poignard et la tête d’un homme décapité dont le corps gît à ses côtés.
Gassicourt développe dans cet ouvrage la théorie selon laquelle plusieurs sociétés secrètes —Templiers, Jésuites, Franc-maçons — auraient orchestré dans l’ombre les événements de la Révolution française.
Influencé par des idées complotistes circulant depuis la fin des années 1780, sous la plume notamment de l’anglais John Robinson, Gassicourt décrit les pouvoirs surnaturels des initiés, entraînés à l’assassinat et dévoués à l’extermination des rois et du pape. L’ouvrage connaît un grand retentissement, et contribue à nourrir la suspicion des monarques européens à l’égard de la franc-maçonnerie.
Fils illégitime de Louis XV, Charles-Louis Cadet de Gassicourt est reçu avocat à Paris. C’est avec enthousiasme qu’il adhère dans un premier temps à la cause révolutionnaire, mais il ne tarde pas à critiquer les excès de leurs tribunaux. Président de la section rebelle du Mont-Blanc lors de l’insurrection du 13 vendémiaire, Gassicourt est condamné à mort par coutumance (pour cette raison, l’édition originale du Tombeau porte la mention « posthume »). Gracié, il se convertit au métier de pharmacien. Nommé premier pharmacien de Napoléon Ier, il le sauvera plusieurs fois, après son abdication, de ses tentatives de suicide par empoisonnement.
Curieusement, Gassicourt est initié en 1805 dans la loge maçonnique de l’Abeille.
L’ouvrage a été abondamment annoté par un lecteur qui condamne à la fois les actions des sociétés secrètes comme actes de sorcellerie (« leurs sabbats se tiennent dans des lieux écartés et abandonnés, ce qu’ils appellent illuminés ne sont du vray que des magiciens et sorciers », p. 86) et les « mensonges » et hérésies de Gassicourt : « Voila ou en voulait venir cet atée. Confondre la vraye religion avec les fables ; tu en crois a rien regarde le soleil ; et contemple la mort du fidele chretien et du mécréant » (p. 131).
Provenance : ex. libris manuscrit « D. Medine » à l’encre brune au dos du frontispice.
Önnerfors, A., Haug, T., & Krischer, A. J. (2020). « Criminal Cosmopolitans: Conspiracy theories surrounding the assassination of Gustav III of Sweden in 1792. » Höllische Ingenieure: Attentate und Verschwörungen in kriminalitäts-, entscheidungs-und sicheheitsgeschichtlicher Pespektive. Konstanz: Universitätsverlag Konstanz, 137-151.
Manques restaurés anciennement (petit trou et manque angulaire) au feuillet de frontispice, petit trou aux premières pages, note manuscrite arrachée au bas de la p. 79 (pas de manque de texte), derniers feuillets roussis.
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