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DONNEAU DE VISÉ - La cocue imaginaire, comédie

DONNEAU DE VISÉ - La cocue imaginaire, comédie
DONNEAU DE VISÉ - La cocue imaginaire, comédie

A valuable work for research on Molière

DONNEAU DE VISÉ (Jean, attr.)
La cocue imaginaire, comédie
Paris : Jean Ribou (1660)
In-12° (85 x 140 mm ; hauteur : 137 mm), [6] ff. - 47 pp. - [1] p., vélin à la hollandaise, trace de titre manuscrit au dos, tranches naturelles (reliure de l’époque)

Édition originale rarissime, en vélin de l’époque, de cette pièce jamais représentée dont le titre ne laisse que peu de place au mystère : La cocue imaginaire est une transposition quasi-exacte de la célèbre pièce de Molière Sganarelle ou le cocu imaginaire. L’auteur, dans une préface au lecteur, justifie sa démarche. En faisant du cocu une cocue, il chercherait à divertir en explorant le pendant féminin de la jalousie.

On comprendra néanmoins que l’auteur cherche simplement à profiter de l’immense succès commercial de Sganarelle : La cocue imaginaire n’est ni plus ni moins qu’une édition « pirate » de la pièce de Molière. C’est pourquoi Georges Mongrédien le qualifie de « document précieux pour reconstituer l’atmosphère hostile dans laquelle Molière devait alors travailler ».

Au jour de la publication de La cocue imaginaire, en effet, Molière n’en est plus à sa première altercation avec le libraire éditeur Jean Ribou : ce-dernier avait déjà obtenu, pour la publication subreptice des Précieuses ridicules, un privilège que Molière avait dû faire annuler en protestant publiquement. En 1660, il remet le couvert face au succès de Sganarelle : il se procure le texte de la pièce, l’agrémente « d’arguments sur chaque scène » et l’imprime. Molière fait saisir tous les exemplaires qui se trouvent chez Ribou et les fait détruire. Cependant, deux jours plus tard, La cocue imaginaire est en vente en librairie.  Quelque filou qu’il soit, il faut reconnaître à Jean Ribou un certain flair pour les affaires : La cocue imaginaire fut réédité deux fois en deux ans. De manière hautement ironique, on en connaît même plusieurs contrefaçons.

La plupart des historiens s’accordent ce jour à attribuer la pièce, publiée de manière anonyme, à Jean Donneau de Visé. Journaliste, dramaturge, critique littéraire et historiographe du roi, on le connaît comme fondateur du Mercure galant, première revue mensuelle en langue française, devenue Le Mercure de France. Tour à tour virulent critique et encenseur de Pierre Corneille et de Molière, il accusa ce dernier d’avoir plagié la comédie italienne au cours de la querelle de L’École des femmes. Un comble !

On ne recenserait que 9 exemplaires de cette édition, 3 en France (BnF Arsenal, Caen) dont un est incomplet (BnF Tolbiac) et 6 à l’étranger : Genève, Düsseldorf, Mannheim, Florence, Oxford et Londres. 

Bibliographie :

1. Mongrédien, Georges. « Le cocu imaginaire ou la cocue imaginaire ». Revue d’histoire littéraire de la France, 1972. pp. 1024-1034

2. Gilbert, Huguette. « L’auteur de La cocue imaginaire ». XVIIe siècle, n°131, 1981. pp. 203-205

Plusieurs feuillets legérement brunis, mouillures claires marginales

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