MAROT / BRUYER - Ballades, rondeaux, chansons
« Dire que je ne suis encore ni blessé, ni mort, ni prisonnier, quelle santé »
MAROT (Clément) / BRUYER (Georges, ill.)
Ballades, rondeaux, chansons
Paris : Auguste Blaizot et René Kieffer, « Collection éclectique », 1910
In-4° (295 x 215 mm), [2] ff. bl. - [1] pl. - [2] ff. - 109 pp. - [1] f. - [83] pl. - [1] f. - [65] pl. - [1] f. bl. - [1] pl. - [3] ff. bl., maroquin taupe, dos à 5 nerfs orné d’un décor doré et à froid mosaïqué de maroquin caramel, encadrement à la plaque, doré et à froid, mosaïqué de maroquins vert et bleu nuit, avec au centre un semé aux petits fers, charnières cuir, encadrement intérieur d’un double filet doré, contregardes de satin imprimées, garde de brocard à fil métallique, gardes de papier marbré, tranches dorées, couverture sur parchemin conservée, étui bordé (reliure signée RENÉ KIEFFER au contreplat supérieur)
Exemplaire sur Japon, non numéroté, portant à la justification la mention imprimée « exemplaire offert à Monsieur René Kieffer ». Il est agrémenté d’une aquarelle originale signée de Georges Bruyer (composition inédite portant l’envoi « Au meilleur des éditeurs, bien affectueusement »), d’une suite des bois sur Japon pelure et de 4 états supplémentaires des eaux-fortes : l’eau-forte pure et un état en noir, sur vélin et sur Japon. Les 20 premiers exemplaires, tirés soit sur vélin soit sur Japon, ne contiennent que 2 états supplémentaires, l’aquarelle inédite et la suite des bois ; les 30 exemplaires suivants, sur vélin ou Japon, comportent les mêmes ajouts sans l’aquarelle ; suivent 20 exemplaires sur Japon avec un seul état supplémentaire et la suite des bois, puis enfin 180 exemplaires sur vélin. Le tirage de l’édition est limité à 250 exemplaires numérotés.
L’ouvrage est truffé d’une lettre et de deux cartes autographes signées de l’illustrateur à René Kieffer. Deux portent sur l’illustration de l’ouvrage ; dans la dernière, émouvante « Carte Postale à l’Usage du Militaire » datée du 3 février 1915, Georges Bruyer fait le récit de sa vie au front : « Dire que je ne suis encore ni blessé, ni mort ni prisonnier, quelle santé ! [...] Nous avons perdu 1100 hommes dans régiment seulment [...] c’est la 4e fois que nous sommes réformés, et les anciens comme moi deviennent bougrement rares. C’est égal ce serai une sale blague d’avoir échappé à toutes ces sales blagues si c’est pour casser sa pipe en dernier, j’espère que ça n’arrivera pas [...] »
Il est habillé d’un décor de semé aux petits fers, au sein d’un encadrement doré à la plaque mosaïqué.
Cette première édition collective est ornée de 222 illustrations originales dont 21 eaux-fortes, des bois et de petits ornements typographiques par George Bruyer (Paris : 1883-1962). Déjà reconnu comme graveur et contributeur de la presse humoristique (Rire, l’Assiette au Beurre), celui-ci illustre également pour la « Collection éclectique » une édition de Hamlet (1913). Mobilisé sur le front de l’Aisne en 1914, Bruyer est blessé à la tempe par un éclat d’obus. Au cours de sa convalescence, il réalise une première série de gravures « de guerre », puis, en 1917, participe à la 5e mission des artistes aux armées : il produit à cette occasion une nouvelle série de gravures, 24 estampes de guerre. Bruyer collaborera après-guerre avec Kieffer à une édition des Caractères de La Bruyère (1926). Son oeuvre est récompensée par les médailles d’or, d’argent et d’honneur de la Société des artistes français ; il est décoré des médailles d’or et d’argent à l’Exposition Universelle de 1937. Le Musée de la Grande Guerre lui consacre en 2021 une exposition, Georges Bruyer, graver la guerre.
Monod 7783 ; Sanjuan 3 (planche XLV)
Pièces de mosaïque insolées au dos
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