PAPACINO D’ANTONI / GRATIEN DE FLAVIGNY - Examen de la poudre
Un précieux exemplaire sur grand papier relié pour le duc d'Aiguillon alors ministre de la guerre
PAPACINO D’ANTONI (Alessandro Vittorio) / GRATIEN DE FLAVIGNY (Jean-Baptiste Louis, trad.)
Examen de la poudre
Amsterdam, Marc Michel Rey, 1773.
In-8° (206 x 138 mm), [4] ff. - 240 pp. et [9] ff. de pl., maroquin rouge, dos à 5 nerfs orné, triple filet doré sur les plats avec armes au centre, tranches dorées (reliure de l’époque).
Première édition française, illustrée de 9 planches dépliantes présentant 22 figures, de l'Esame della polvere, ouvrage fort remarquable considéré comme un modèle de critique expérimentale1. Il est dû au directeur des écoles royales d’artillerie et de fortifications de Turin, Alessandro Papacino d’Antoni (1714-1786), devenu célèbre pour ses expériences sur la balistique intérieure et extérieure, qui s’inscrivent dans cette « révolution balistique » du XVIIIe siècle, fondée sur les travaux de Benjamin Robins et Leonhard Euler et dont les écoles de Turin furent les premières en Europe à accueillir le « changement de paradigme ». En effet, la balistique en était transformée d’une science galiléenne qui n’était applicable qu’aux mortiers à une science newtonienne applicable à toutes les bouches à feu. Cela impliquait une emphase nouvelle posée dans la préparation des artilleurs sur le calcul différentiel et intégral. L’importance des expériences de Papacino d’Antoni est remarquée par le marquis de Saint-Auban (1712-1783), un proche de Buffon, Franklin, Condorcet et Perronet, vétéran des guerres de Succession de Pologne et d’Autriche et de la guerre de Sept Ans. Le vicomte de Flavigny souligne également la valeur scientifique de ces traductions au regard de l’autorité acquise dans le domaine militaire par leur auteur : « Les Œuvres de M. d’Antoni méritent d’être connues dans toutes les Langues et de tous les Savants. » De fait, l’Examen de la poudre est présent dans la bibliothèque de savants tels que Lavoisier, mais surtout, à l’exception de son traité de fortification, toutes ses traductions furent utilisées dans les écoles régimentaires françaises d’artillerie, et cela au moins jusque dans les premières décennies du XIXe siècle, puisque le Comité central de l’artillerie considère encore en 1820 qu’elles doivent figurer dans les bibliothèques de ces écoles. Ces œuvres étaient donc considérées comme nécessaires pour la formation même des officiers, ce qui explique la nécessité de la traduction2.
PROVENANCE : Emmanuel Armand de Vignerot du Plessis-Richelieu (1720-1788), avec ses armes, duc d’Aiguillon, arrière-petit-neveu du cardinal de Richelieu, neveu du maréchal de Richelieu, maréchal de camp en 1748, gouverneur de La Fère et pair de France en 1750, lieutenant général en Artois en 1753, commandant en chef en Bretagne la même année, chevalier des ordres du roi en 1756, lieutenant général des armées en 1758 et gouverneur d’Alsace en 1762, fut appelé à prendre le ministère des Affaires étrangères et de la Guerre, lors de la chute de Choiseul, en 1771, formant avec Maupeou et l’abbé Terray le fameux triumvirat, dont il partagea la juste impopularité.
Infime et habile restauration au plat supérieur ; OHR - II, 411.
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