SALGUES - Mémoire au Roi pour le Sr. Joseph Lesurques
Une intrigante reliure de deuil aux armes royales et au décor et tranches argentés
SALGUES (Jacques Barthélémy)
Mémoire au Roi pour le Sr. Joseph Lesurques, né à Douai, condamné à mort par le tribunal criminel du département de la Seine, et exécuté le 30 octobre 1796, comme complice de l’assassinat du courrier de Lyon [SUIVI DE] Réfutation du rapport de M. le Baron Zangiacomi, conseiller d’état, sur la question de savoir s’il y a lieu de réviser le jugement qui a condamné à mort
Paris : Scherfe, Dentu, Fayolle, Jacquinot, 1822 - Paris : idem, 1823
2 ouvrages en un volume in-8° (132 x 208mm), [2] ff. - 240 pp. et [1] f. de pl. dépl. en frontispice - 240 pp., basane noire au décor argenté, dos lisse richement orné, encadrement d’une frise sur les plats avec fleurs de lys en écoinçons et armes au centre, roulette sur les coupes, roulette intérieure, gardes de tabis noir, tranches argentées (reliure de l’époque)
Éditions originales de ces deux plaidoyers pour faire réhabiliter l’une des plus célèbres victimes d’erreur judiciaire avec envoi de la famille du condamné à un certain Lemaître.
En 1796, la malle-poste qui va de Paris à Lyon est attaquée et pillée. L’argent qu’elle convoyait a disparu et les deux postillons sont retrouvés assassinés. Quatre hommes sont rapidement arrêtés, dont un dénommé Lesurques. Reconnu par plusieurs témoins, il est condamné à mort et guillotiné. Les accusations contre Lesurques, cependant, ne tardent pas à être contestées : on remarque, notamment, que les témoignages qui confirmaient son alibi ont été ignorés au procès. Pire, son présumé complice déclare, à la suite du verdict, que Lesurques est totalement étranger à l’affaire, bien qu’il présente une ressemblance physique malheureuse avec le véritable coupable, Duboscq. L’arrestation de Duboscq, en 1800, n’incite pas davantage la cour à réhabiliter Lesurques et les plaintes de la famille demeurent ignorées.
Jacques Barthélémy Salgues (1760-1830), ému par cette injustice, se fait ici porte-parole de la famille et « avocat de la défense » de Joseph Lesurques ; dans un plaidoyer adressé au roi, il le prie de reconsidérer les faits et revient en détails sur les témoignages, déclarations et interrogatoires convoqués au procès. Son appel, cependant, n’est pas entendu : en 1823, un an après la publication du premier ouvrage, le Baron Zangiacomi, conseiller d’état, est appelé à constituer un rapport sur « l’affaire du courrier de Lyon » Au grand désespoir de Salgues, celui-ci refuse de reconnaître l’innocence de Lesurques : d’où un deuxième volume, publié la même année, et consistant en une réfutation détaillée de son rapport.
PROVENANCE :
- « La famille Lesurques prie Monsieur Lemaitre d’accepter ce témoignage de sa reconnaissance », envoi manuscrit à l’encre brune au recto du faux-titre. Nous n’avons pu, malgré nos recherches, identifier ce Monsieur Lemaitre. L’envoi fut par la suite masqué par un papillon.
- Charles X, avec ses armes au centre des plats.
Il est difficile de déterminer à qui l’ouvrage était initialement destiné. Est-ce la famille qui le fit relier pour le roi et qui finalement, n’ayant pu lui remettre, le transmit à Lemaitre ? Est-ce Lemaitre qui sur sa propre initiative fit relier l’ouvrage pour l’offrir au roi ?
Traces de cire sur les gardes vestiges de fixation d’un papillon qui devait recouvrir l’envoi, frottements, « dorure » oxydée.
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