SOBRY - Le Nouveau Machiavel
"Le caractère françois répugne aux formes républicaines"
SOBRY (Jean-François)
Le Nouveau Machiavel, ou lettres sur la politique, suivies de la profession de foi d’un citoyen
s. l., s. n., 1788
In 8° (213 x 144 mm), [1] f. - 44 pp. - 48 pp. numérotées 3-50 - 58 pp. numérotées 3-60 - 66 pp. numérotées 3-68 - 78 pp. numérotées 3-80, couverture papier d’attente (habillage de l'époque)
Édition originale rare de ce recueil de 5 lettres suivies de la « profession de foi d’un citoyen » résumant les positions politiques de l’auteur. Le Nouveau Machiavel fait suite à Le Mode françois, paru anonymement deux ans plus tôt : dans ce premier essai patriotique et conservateur, Sobry déplorait l’accroissement de l’influence des ministres au détriment de l’autorité royale. Le baron de Breteuil, ministre de Louis XVI, ordonna la destruction de l’ouvrage.
Ces lettres constituent une réponse aux principales critiques adressées au Mode françois ; Sobry y réitère son soutien à l’autorité royale (« Oui, Monsieur, je pense que la Monarchie absolue & pure est le plus parfait & le plus excellent des Gouvernements en général, qu’il est le plus parfait & le plus excellent pour nous en particulier » [I, 9]), arguant que « le caractère françois répugne aux formes républicaines » (I, 13) ; avançant que le monarque éclairé sait écouter la voix du public, il regrette la formation d’assemblées, qui en subdivisant l’autorité complexifient — et ainsi enveniment — la situation politique. Inquiet du rôle d’importance accordé au clergé lors des états généraux, il déplore également la « manie de la noblesse» (IV, 38) qui ronge le tiers-état, et souligne que, en raison de l’augmentation de la fréquence des anoblissements, la haute noblesse fréquente désormais la « petite noblesse » plutôt que les « gens du tiers-état distingués » (IV, p. 46) Au cours de la 5e lettre, Sobry résume les événements politiques ayant marqué l’an 1787 : assemblée des notables, révolte des parlements, préparation à la convocation des états généraux... c’est l’occasion pour l’auteur de composer une vive critique des ministres du roi, dont Maurepas et Necker, « ce superbe parvenu » (V, 9). Curieusement, Breteuil, qui aurait fait interdire Le Mode français, est l’objet de toutes les éloges: « Parmi les autres ministres, un seul, M. le baron de Breteuil, conserve dans son département la discipline ancienne, & ne se montre point favorable aux innovations qui tendent à diminuer l’autorité royale. Aussi est-il en butte à toutes sortes d’intrigues, dont il triomphe à force de justice, de fermeté & de persévérance dans tout le bien qu’il fait. » (V, p. 43)
Formé comme architecte, le lyonnais Jean-François Sobry (1743-1820) est cependant reçu avocat à Paris, où il exerce également un emploi dans la finance. Il regagne Lyon à la Révolution, et y est nommé juge de paix puis secrétaire-greffier de la commune. Ayant rejoint Paris, il est employé un temps au ministère de l’intérieur, puis devient commissaire de police du 10e arrondissement. Fervent adhérent au culte théophilantropique, Sobry fait paraître quantité d’essais dans lesquels il s’intéresse aussi bien à la mode des bijoux en acier qu’aux exercices gymnastiques ou encore à l’abolition de la messe.
Il existe une autre édition de l’ouvrage, parue également sans adresse à la date de 1788 : les titres des lettres y sont différents.
Les feuillets A1 de chacune des lettres, paginées séparément, sont absents : c’est également le cas des autres exemplaires que nous avons pu consulter.
3 bibliothèques françaises : Versailles, Dijon, BnF (Tolbiac et Arsenal).
Feuillet de faux-titre collé à la couverture, mouillure angulaire en début d’ouvrage. Manques au dos ; Quérard IX, 202
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