RUFFEY - Poésies de Mr. Le Pdt de Ruffey. Contes et épigrames
Épigrammes calligraphiés inédits d'un érudit dijonnais, proche de Buffon et de Voltaire
RUFFEY (Gilles Germain Richard de)
Poésies de Mr. Le Pdt de Ruffey. Contes et épigrames
S. l. n. d. (2d moitié du XVIIIe siècle)
In-8° (255 x 190 mm), [99] ff. déreliés, cartonnage-chemise de vélin moucheté de brun, dos muet, étiquette avec titre manuscrit sur le plat supérieur (travail de l'époque)
Recueil manuscrit, inédit, mis au propre en vue de l'édition et ainsi soigneusement calligraphié, orné au trait de plume ou au pochoir par un secrétaire ou un maître-écrivain.
Il comprend une traduction de vers d’Horace et 89 poèmes originaux (2 apparaissent en double), principalement humoristiques : épigrammes, anecdotes, contes en vers, etc. Chaque pièce porte en tête à droite la référence probable à sa place au sein d'un manuscrit originel.
Richard de Ruffey s’en prend tour à tour aux nouvellistes, aux éditeurs, aux romanciers, aux bourgeois de campagne, aux serviteurs paresseux, aux courtisans obséquieux, aux femmes de petite vertu, aux prélats, aux médecins, aux suisses et aux beaunois. Il fait en revanche l’éloge de M. de Brou, intendant de Bourgogne, et du Comte d’Estaing.
Vers contre les gravures inutiles des nouveaux livres
Eh quoi sommes-nous des Enfans
On nous présente des images
Nous en trouvons à toutes pages
Dans nos Drames, dans nos Romans
Que le burin de la gravure
Se plaise à tracer sous nos yeux
Les chefs d'oeuvre de la nature
Et de l'Art les dons précieux [...]
Mais que par un frivole abus
Il ne nous offre en ses Estampes
Que Vignettes en Culs de Lampes
Que Lettres grises, que rebus
Et qu'il se borne à ces Bibus
Que pour quadrupler le Salaire
De l'Imprimeur et du Libraire
Cet Art concoure si souvent
A duper le peuple sçavant
C'est là j'en rougis pour la France
Le Triomphe de l'ignorance
[...]
Richard de Ruffey fut président de la chambre des comptes de Bourgogne de 1735 à 1757. Propriétaire d’une vaste bibliothèque, il y organisa dès 1752 des réunions d’érudits qui concurrençaient celles de l’Académie des Sciences de Dijon ; les deux sociétés ne tardèrent pas à se rejoindre et Richard de Ruffey fut reçu, en 1759, à une place d’Académicien honoraire. S’investissant dans ses travaux, il enrichit sa bibliothèque et la dota d’un médailler, repensa son organisation et y attira certains de ses membres les plus illustres. Voltaire lui écrivait ainsi : « Ne verrai-je point cette Académie dont je vous regarde comme le fondateur ? » (4 février 1769) et Buffon renchérissait : « Je l’appelle la vôtre, parce qu’en effet, si vous ne l’avez pas créée, vous l’avez du moins ressuscitée. » (10 janvier 1769). Nommé vice-président de l’Académie en 1762, il en démissionna avec perte et fracas en 1770, irrité notamment par le retrait des Lettres au profit des Sciences. Furieux de la tournure des événements, il composa une piquante Histoire secrète de l’Académie de Dijon dont des extraits furent publiés par Maurice Lange en 1909.
Proche de l’historien Charles des Brosses, Richard de Ruffey fut également l'ami d'enfance de Buffon - il lui aurait même promis la main de sa fille, Sophie de Monnier, célèbre maîtresse de Mirabeau. Il entretint en outre une importante correspondance avec Voltaire, qu’il rencontra en 1754. Richard de Ruffey mourut en 1794 ; son fils, inscrit sur une liste d’émigrés, avait été guillotiné le 10 avril de la même année.
S’il contribua à plusieurs reprises au Mercure de France, seules quelques rares pièces de Richard de Ruffey furent publiées. Les Archives départementales de la Côte-d’Or conservent ses archives.
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