HEYWOOD / JONI - The “ensamples” of fra Filippo of Siena : a study of medieval siena
Une reliure peinte du célèbre faussaire Icilio Federico Joni
HEYWOOD (William) / JONI (Icilio Federico, relieur)
The “ensamples” of fra Filippo of Siena : a study of medieval siena
Siena : Enrico Torrini, 1901.
In-4° (250 x 176 mm) de X – [2] – 349 -|3] pp., dos muet en basane brune à 3 nerfs en peau, décor à froid dans les caissons, plats de bois peints à encadrements sculptés en relief sertis de bouillons en écoinçons (reliure de l’époque)
Cette incroyable reliure pastiche une reliure médiévale siennoise dans le style des tavolette di Biccherna, couverture peinte des registres de la Biccherna, la principale magistrature financière de la ville de Sienne de 1257 à 1786. Elle est l’œuvre d’Icilio Federico Joni, doreur et restaurateur de formation qui deviendra peintre et surtout faussaire de l’art pictural gothique siennois. Le premier plat présente le portrait de Chiara Matraini, poétesse lucquoise du seizième siècle dans la lignée de Pétrarque. On trouve en pied un de ses vers : « O d’ogni reverenza e d’onor degna ». Le second, divisé en deux compartiments en hauteur, présente dans sa partie haute le titre de l’ouvrage et dans sa partie basse des armoiries non identifiées ou fantaisistes.
On dénombre à ce jour une vingtaine de reliures de ce type. Celles-ci se présentent la plupart du temps sous la forme de deux plats liés par un dos en peau et sans corps de texte. Leur hauteur varie entre 26 et 40 cm, les véritables tavolette ayant quant à elles une taille comprise entre 26 et 53 cm. Ici, la chose est quelque peu différente car la reliure recouvre un ouvrage dont le titre est rapporté sur le plat inférieur, ainsi point de faux mais un travail de commande ou d’artisanat.
Joni se défendait d’être un faussaire et présentait ses œuvres comme originales. De son propre aveu, il n’a jamais visité les archives de la ville pour examiner les originaux, et de fait ses reliures sont anachroniques. À partir de 1459, les comptes étaient reliés en cuir, mais Joni a donné à ses reliures des dates postérieures à 1459. Bien qu’il ait vendu un certain nombre de ses imitations comme des originaux du Moyen Âge et de la Renaissance, il a ouvertement décrit son travail de falsification dans son autobiographie (Le Memorie di un pittore di Quadri Antichi, 1932, traduit en anglais en 1936). Les reliures de Joni — non détectées — ont orné certaines des plus grandes collections de livres, y compris celles de Hoe et Wilmerding. Même reconnues comme des imitations, les collectionneurs y portaient intérêt, comme le démontre la commande d’une reliure par Lady Wantage en 1904.
Mors supérieur fendu, mors inférieur fissuré et épidermé, manque à la coiffe de tête.
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