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POE / BAUDELAIRE - Histoires extraordinaires

POE / BAUDELAIRE - Histoires extraordinaires
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POE / BAUDELAIRE - Histoires extraordinaires

Édition originale de la célébrissime traduction de Poe par Charles Baudelaire

POE (Edgar) / BAUDELAIRE (Charles, trad.)
Histoires extraordinaires
Paris , Michel Lévy frères, 1856 
In-12° (182 x 120 mm), 330 pp. – [1] f., demi-basane, dos lisse, plats de papier marbré, tranches à mouchetures brunes (reliure de l’époque)

Édition originale dont il n'a pas été tiré de grand papier de la traduction française établie par Charles Baudelaire, augmentée d’une préface rédigée par le poète. Il y déplore le martyre de Poe, dont la littérature « extra ou  suprahumaine » (p. XV) n’aurait pas été suffisamment reconnue aux États-Unis, « un pays gigantesque et enfant, naturellement jaloux du vieux continent » (p. X) Si sa vision mériterait d’être nuancée, il n’en demeure pas moins que la traduction de Baudelaire fit beaucoup pour la renommée de Poe en France : lue par Stéphane Mallarmé et Paul Valéry, elle inspira à Jules Verne ses Cinq semaines en ballon. Des années plus tard, dans son célèbre séminaire sur « La lettre volée » (1930), Lacan utilisera la nouvelle de Poe pour illustrer son concept de l’inconscient structuré comme un langage, rompant les ponts avec la Société psychanalytique de Paris incarnée par Marie Bonaparte, elle-même auteur d’une étude sur Poe.

Ce recueil comprend les 3 nouvelles qui firent de Poe l’un des pionniers de la littérature policière, « Double assassinat dans la rue Morgue », « La lettre volée » et « Le scarabée d’or ». On découvrira en outre « Le canard au ballon » et « Aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaal », sources d’inspiration de Jules Verne, ainsi que « Manuscrit trouvé dans une bouteille », « Une descente dans le Maelstrom », « La vérité sur le cas de M. Valdemar », « Révélation magnétique », « Les souvenirs de M. Auguste Bedloe », « Ligeia », « Metzengerstein » et « Morella ».

Les fascinations gothiques de Poe, dont Baudelaire affirme qu’elles sont le résultat d’un amour du Beau frustré par la société américaine, prennent le devant de la scène dans ce dernier récit :

Persuadé de cela, je m’abandonnai aveuglément à la direction de ma femme, et j’entrai avec un cœur imperturbé dans le labyrinthe de ses études. Et alors – quand, me plongeant dans des pages maudites, je sentais un esprit maudit s’allumer en moi, – Morella venait, plaçant sa main froide sur la mienne et ramassant dans les cendres d’une philosophie morte quelques graves et singulières sentences dont le sens étrange s’incrustait de lui-même dans ma mémoire. Et alors, pendant des heures, je m’étendais rêveur à son côté, et je me plongeais dans la musique de sa voix, – jusqu’à ce que cette mélodie à la longue s’infectât de terreur […] («  Morella », p. 289)

Coins et coupes frottés, pp. 253-254 reliées après la p. 272, infime mouillure angulaire au premier cahier

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